Intwari igaruka bahunga
Ya rukangamiheto !
Ingabo idashishwa n'abayirasa
Yangombye imisare
Sinayisigira umugaragu.
Nyendanye n'amacumu,
Mbera ko isibo,
Intoki ziyisangwa mu gifunga
Impfura irema urugamba,
Sinayicarana mu nteko;
Induru ivugije abakoni
Ndamaga njya kuyishakira intambara.
Irakariye abatwara imikore
Sinayikoma imbere:
Mbonye ko nzabikundirwa
Imbaraga iranjyana mbaganamo.
Uwababeraga indongozi
Nkinga musanga
Sinareka asubira mu babo.
Ntsinduka ku mugina:
Ruvusha ndyaka intoki !
Ni iryarubiye mu babisha,
Nyamunsi irigenda imbere.
Imbaraga y'ikigembe ihitana uruge,
Umuheto we uhinduka umutambya.
Imbabazi zo kumushahura ziranyegura:
Uruguma rw'inkota ndarutaniriza.
Maze kumugira uw'ibisiga
Sinasigaho kuba ingenzi:
Ababo bagarutse rurangomba:
Ndwigiraho n'iyanjye ngabo.
Yanze gushira ubukana
Sinayikura ku rugamba
Ndayireka ibonana n'abarwanyi.
Ibaye rwema mu myambi
Ndakara njya kuyirengera:
Imitimba iyikozeho iragonya,
Inti zitebera mu ntoki;
Intanage zibera ibisate mu ntambara
Imitarati bayihunganamo ubusa:
Batanguranwa basanga inteko
Ari ukubasatira.
Bashyikiranye n'uwabategekaga
Atanga abandi kubaza abanyarugamba
Ati: "Uriya musore wibunza ku rugamba,
Barasa ntabyiteho,
Ntimube mwamugaruraga n'imiheto ?"
Bati: "Yabaye nyawita,
Ntawamuturukira, ararinda !
Uwo basakiranye tugihura
Ni we yagize umugwambere:
Urugamba yaruremaga
Amaze kwambara ibinyita !"
Ati: "Uwo inkongoro zishiha
Wabuze ababo bamugarukira,
Ko mwari umutwe w'ingabo
Ntimube mwamumuteshaga ?"
Bati: "Yamucumitse umufuka tugishyikirana,
Ni imanzi ntaneshwa ku wo yishe !"
Ati: "Ese mwe mwaturukiriwe n'igitero bugisesa,
Uriya musore udatuza isibo
W'ingabo isumbya izindi urubega,
Uhagaze hagati y'ingamba zombi,
Rubanda ikubanaho bagarukira, ni nde ?"
Bati: "Ni Cyambaramusango !"
-"Jye wabonye aho ashahurira Rutebera,
N'uwamuhongera batatu
Ntiyatahira abo
Kereka abiciye n'umutware !
Ni ingabo yataramye:
Ntatuza guhamya !
Ubwo aremera inzira aho idasanzwe
Arashaka kudukuba:
Nimushibure turebe aho twihisha
Nguyu arakinga Inshengeranabigwi !"
Bacyambaza Imana indetsa,
Mbarusha iyanjye ituma mbahora hafi:
Mbijugunya imbere
Bahindukira bahunga.
Irihorana umujinya w'ababisha
Ndiboneje mu gihumbi cy'umufozi,
Iruba ry'icumu rimuheza aho;
Umukamba w'inda uraturika
Rimuhinguranya yarimisheho ibitenga
Umutuku w'amaraso uba itanganika mu butaka.
Na we rimutegeka gupfa nk'uwo kwa Mutana
Cyangwa undi wo kuri Butozo
Nariteye mu ikubitiro.
Ingabo nziza mpora nzimenera ndibanguye:
Ryanyambitse ibinyita by'abantu batatu
Mu ngerero zo ku i Itambi;
Mu ngari zo kwa Nkundiye
Nariremanye igisagara
Rigongesha Umusarasi.
Sinzasigaho kurikunda
Ruvusha ryarantoranye:
Ikiganza kiritera nticyifuza inkwaya.
Nditwarana n'ingabo yanjye
"Mugab-urinda-ibyuma"
Na yo bayindemeye inkwiye.
Igira igikundiro iyo ikora intambara:
Yakukanye uwo nica mu mwaro w'i Kivu,
Ntiyakira agwa mu ruhanga rw'iyo ngabo.
Yakiswe Inshengerarugamba !
Iyo nyifashe mu gifunga
Abavunyi mba mbafite.
Nayigize nk'iya Rusengatabaro,
Ariko izina ryo gusumba iz'abatinyi
Ikitwa Rudasumbwamumihigo.
Le Héros qui réattaque, tandis que les (siens) amorcent la débandande
(souche) du Terroriseur-des-arcs.
Le BOUCLIER que n'effraient pas ceux qui le dardent de flèches,
M'a supplié d'aller l'exposer aux blessures,
Et je n'eus garde de le laisser à mon écuyer.
L'empoignant avec les javelines,
Je partis dans l'avant-garde:
Mes doigts se crispèrent à son énarme;
Ce noble créateur de la bataille,
Je ne le retins pas dans le groupe de réserve;
Les razzieurs ayant poussé les cris d'appel au secours,
Je fus joyeusement emporté pour lui chercher le combat.
Comme il était furieux contre les archers,
Je me gardai bien de l'en détourner.
Sachant que moi-même j'en deviendrai un grand favori,
La rapidité me précipita à leur rencontre.
De celui qui ouvrait la marche de leur colonne
Je balançai le Bouclier dans la direction,
Et ne lui permis plus de retourner vers les siens.
Du haut d'une termitière, je pris l'élan
Et laissai l'assoiffée de sang s'échapper de mes doigts.
Vu qu'elle est passionné de se régaler d'ennemis,
Le Trépas, prenant les devants, s'élança pour la guider.
La violence du fer coupa, au passage, la corde de nerfs.
Et son arc en resta un bois recourbé.
Le désir de lui trancher le trophée m'ayant saisi,
J'élargis plus que de raison la blessure de mon épée.
Après en avoir fait la proie des vautours,
Je ne tempérai en rien ma qualité de guerrier d'élite:
Les siens revenant à la charge, la bataille exigea ma présence
Et je m'y rendis avec mon Bouclier.
Comme il n'entendait pas dégonfler sa furie,
Je ne pus le retenir du combat
Et le laissai se familiariser avec les batailleurs.
Comme il devenait colossal au milieu des flèches,
Je lâchai bride à mon courroux pour le soutenir:
Les trais qui l'atteignirent furent brisés;
Et les javelines ne bougèrent plus des mains;
Les empennées furent concassées dans la bataille,
Et, manquant de hampes, les sagittaires se débandèrent:
Ils se dirigèrent vers leur groupe de réserve,
Du fait que je les serrais de près.
Comme ils atteignaient leur commandant,
Il posa le premier la question aux combattants:
"Ce jeune homme, dit-il, enflé de suffisance dans la bataille,
Sur qui l'on décoche sans qu'il s'en soucie,
Pourquoi vos arcs ne lui ont-ils pas barré passage ?"
"Il lutte en insensé, lui répondirent-ils;
Personne ne pourrait lui résister, il ne recule pas !
De celui qui a lutté avec lui dès notre rencontre,
Il a fait la première victime du jour !
Il a formé la ligne de bataille
Déjà en possession du trophée !"
"Mais encore, répliqua-t-il, celui que les aigles dévorent,
Dépourvu des siens qui l'eussent dégagé,
Puisque vous étiez une armée compacte,
Pourquoi n'avez-vous pas repris sa dépouille mortelle ?"
"Il l'a transpercé de la javeline dès notre rencontre, dirent-ils,
C'est un preux auquel on ne peut arracher une victime !"
"Mais, vous qui avez rencontré l'armée dès l'aube, dit-il,
Ce jeune homme dont la rapidité reste fraîche,
Et dont l'orle du Bouclier domine les autres,
Qui se tient entre les deux lignes de batailles,
Et autour duquel pivote le va-et-vient des Rwandais, qui est-il ?
"Il s'appelle l'Orné-de-trophées !", dirent-il.
-"Moi qui l'ai vu coupant le trophée de Rutebera, (dit l'un),
Le calmerait-on en lui livrant trois hommes
Qu'il ne s'en contenterait pas pour rentrer,
A moins d'avoir abattu également leur Chef !
C'est un guerrier qui a déclamé les hauts faits:
Aussi ses traits ne tombent jamais à terre.
Puisque le voilà qui se fraie la voie hors les sentiers,
Il a l'intention de nous couper la retraite.
courez vite et cherchons où nous cacher:
Le voici protégé du Bouclier (dit) Héros des hauts faits !"
Tandis qu'ils suppliaient le Dieu qui me ralentirait,
Je fus écouté du mien qui les maintint à ma portée.
Je me plantai dans leur voie de retraite
Et ils rebroussèrent chemin en déroute.
De la perpétuellement courroucé contre les ennemis,
Je visai le dos d'un sagittaire,
Et la pointe de fer le fit s'affaisser sur place;
La peau de son ventre se déchira:
Ce fut arrosée de son sang qu'elle le transperça,
Et le rouge vermeil devint comme un lac sur le sol.
Elle lui ordonna d'expirer, comme jadis à celui de chez Mutana,
Ou à l'autre abattu à Butozo,
Que j'en frappai dès l'engagement du combat.
Je la brandis toujours à l'avant-garde de l'élite:
Elle m'a favorisé de trophées de trois hommes
Dans les campements de l'Itambi.
Dans les agglomérations de chez Nkundiye,
J'ai déclanché la mêlée en étant armé
Et elle fit pousser à un ennemi des gémissements prolongés.
Je ne cesserai jamais de la chérir,
L'assoiffée de sang m'ayant élu entre tous:
La main qui la projette ne songerait jamais à l'arc.
Je la porte avec mon Bouclier,
Ce Héros qui fait échec aux traits:
On l'a taillé également à ma mesure.
Il l'est l'amabilité lorsque je la balance dans la bataille.
Il débarqué du Kivu en me procurant un homme à tuer:
Il ne put m'échapper et tomba devant le front de ce Bouclier.
C'est avec raison qu'on l appelle le Familier-des-batailles.
Lorsque j'en enserre l'énarme,
Il me vaut une troupe de compagnon:
Je l'ai habitué comme celui du Passionné-des-expéditions.
Mais le nom qui le rend supérieur à ceux des craintifs
Est celui de Taille-inégalable-des-hauts-faits.
L'Ode du Héros RUBIBI, fils de Kayiru, membre de la Compagnie Ingangurarugo. Il fut tué dans l'île Ijwi, autour de 1880. Le compositeur en fut Kanyandekwe, fils de Runigi, mort autour de 1932. Cette ode de 109 vers fut dictée à l'abbé Alexis Kagame en 1936, par un Barde de renom, Kamananga fils de Sebajura, parent du Héros Rubibi. L'arme exaltée: le Bouclier (et la lance qui lui est associée dans la Poésie Guerrière).
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