Ndi inyangamugayo ku nkomere

Sinzirikana kuzihana.

Mu Rusugi rwa Kigina

Nimanye Rutuku

Ab'inganizi bakigira ngo simpava.

Remera ry'i Busakuli

Natumburukanye isuri

Abatwara imisakura bayindenza.

Gahanda kwa Gatokwe

Nategetse ababisha ntabatwara.

Ku nyanja ya Mutegire

Narasanye uko Karinga ishaka.

Mbona mporana inguma

Ntibyambujije ishema:

Nashoboye kuba intwari

Mu Bushanga kwa Nyangoma

Ab'amashisha bagishaka ingabo

Sinasigana urugo ndubanzamo

N'icumu risa.

Ndi akabira k'abatinyi:

Ba Bisangwa aba banyihishamo.

Je suis la fidélité-personnifiée auprès des blessés,

Ne me venant jamais à l'idée de les abandonner à l'ennemi.

Dans le Rusigi près Kigina

J'ai sauvé la vie à Rutuku

Les craintifs opinant que je n'en reviendrais pas

A Remera du Busakuli,

En mon bouclier je me suis mis en vedette

Nos archers lançant les flèches par-dessus ma tête.

A Gahanda chez Gatokwe

J'ai fait manoeuvrer les ennemis n'étant pas leur chef.

Près du lac de Mutegire,

J'ai bataillé tel que le Karinga le souhaitait. (1)

Etant habituellement labouré de blessures

Jamais cela ne tempéra ma vivacité;

J'ai maîtrisé l'art de la bravoure

Dans le Bushanga chez Nyangoma:

Tandis que les prudents, en effet, recherchaient les boucliers

Moi je ne balançai pas et entrai le premier dans l'enclos,

Avec une javeline seulement.

Je suis un bosquet pour les craintifs:

Les Bisangwa que voici viennent se blottir en moi. (2)

 

NYILINGANGO, fils de Nyagahinga, était membre de la Milice Ingangurarugo, Garde Royale de Kigeli IV Rwabugili; 

il mourut aux environs de 1893. L'extrait suivant constitue le Chant VIII du poème chantant le héros.

 

(1) Karinga est le Tambour-emblème de la Dynastie qui, naguère, régnait sur le Rwanda.

(2) BISANGWA, fils de Rugombituli, Chef de la Milice Ingangurarugo, dont Nyilingango lui-même était membre. C'était une attaque humoristique vis-à-vis de son Chef. Ce dernier riposta en composant de son côté une Ode dans laquelle il signale une bataille où il s'était inconsidérément jeté au milieu des ennemis, tandis que Nyilingango perdait son temps à héler son écuyer.

 

 

Source: A. KAGAME, Introduction aux grands genres lyriques de l'ancien Rwanda, Butare, 1969, pp. 38-41 et p. 250 (pour les notes).

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